Materiae Variae Volume III
Les jugements de Renart : impunités et structure romanesque de Jean R. Scheidegger
Les "vieux sages" épiques de Jean Subrenat
Pères et filles dans Apollonius de Tyr de Jean R. Scheidegger
Problèmes de justice dans Li chevaliers as deus espées de Régine Colliot
Le Graal et la Chevalerie de Jean Frappier
NOTES
PERES ET FILLES DANS APOLLONIUS DE TYR
* Cet article a été initialement publié dans Les relations de parenté dans le monde médiéval, Senefiance n°26, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1989, p. 257-271.
(1) Edité par A. Schultze, Zeitschrift fur romanische Philologie, XXXIII (1909). p. 226-229. Maurice Delboullle. "Apollonius de Tyr et les débuts du roman français", Mélanges offerts à Rita Lejeune, Gembloux, 1969, vol. 2, p. 1171-1204, a montré l’influence importante que ce texte a pu avoir sur les débuts de la littérature française.
(2) La version dite commune et la version de Bruxelles sont éditées par Charles B. Lewis, "Die altfranzösischen Prosaverslonen des Apollonius-Romans", Romanische Forschungen, XXXIV (1915), p. 1-277. La version de Vienne a été publiée, avec une traduction en français moderne et une importante étude, par Michel Zink, Le Roman d’Apollonius de Tyr, Paris, UGE (10/18), 1982. C’est cette édition que je suivrai ici.
(3) Voir Elimar Klebs, Die Erzählung von Apollonius aus Tyrus. Eine geschichtliche Untersuchung über ihre lateinische Urform und ihre spâteren Bearbettungen, Berlin, Reimer, 1899.
(4) M. Zink, Le Roman d’Apollonius de Tyr, éd. cit., p. 23-26.
(5) Ibidem, p. 23. Le roman latin a été publié par Alexandre Riese. Historia Apollonü regis Tyri, Leipzig, 1893.
(6) Ibid., v. 19-30.
(7) L’énigmatique formulation du manuscrit de Bruxelles : "je cherche mon père, l’époux de ma mère, le fils de ma f)mme", peut trouver une explication encore plus scabreuse, s’il faut la comprendre à la lettre. Si on donne au terme "femme" le sens de "personne avec laquelle on entretient des rapports charnels", et si Antiochus couche aussi avec sa grand-mère, son père est bien le fils de sa femme... Rappelons que le Moyen Âge ne s’effraye pas trop des Incestes "combinés", dont on a de forts beaux exemples avec l’histoire de saint Alban, le bienheureux évangélisateur de la Hongrie qui commença sa carrière en pratiquant l’inceste tant avec sa mère qu’avec sa fille.
(8) Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon. 1958, p. 235 et suiv.
(9) Voir infra. Il faudrait voir pourtant de quelle manière ces divers éléments sont ici articulés et combinés, pour vérifier si la structure d’Apollonius reprend la structure du mythe œdipien. La place me manque pour pouvoir le faire dans ce cadre.
(10) "Œdipe avant le complexe", Psychanalyse et culture grecque, (dir.) D. Anzieu et alii, Paris, 1980, p. 9-53.
(11) Relevons que certaines variantes du mythe grec font de la Sphynge une fille naturelle de Laïos, née avant son mariage. Le duel Oedipe - Sphynge relève alors de la rivalité frère-sœur, voire de l’inceste frère-sœur, puisque la victoire de la Sphynge se traduit par une fatale possession sexuelle. Les fragments archéologiques montrent en effet la Sphynge sous la forme d’une démone couchant sa victime sous elle, et en tirant une jouissance sexuelle sadique, et chez Pindare et les tragiques, elle est une ogresse mangeuse de chaire crue ne s’attaquant qu’aux Jeunes gens les plus beaux et les plus désirables (voir Marie Delcourt, Oedipe ou la légende du conquérant, Liège. 1955).
(12) Elle reste anonyme dans le texte de Vienne. Je l’appellerai Lucienne, avec la caution de la version de Bruxelles.
(13) Version de Bruxelles. La leçon d’amour d’Apollonius à son élève est reproduire par M. Zink, Le Roman d’Apollonius de Tyr, éd. cit., p. 263 et suiv.
(14) "Quiconques vouldra violer Tarsienne paiera ung marc de fin or", est-il inscrit au dessus de l’huis de la maison qui l’héberge...
(15) Le fait est souligné par la vision d’Apollonius : un ange descendant du ciel lui enjoint de se rendre à Ephèse au temple de Diane, en compagnie de sa fille et de son gendre (p. 151). De même, c’est une intervention divine qui avait châtiée Antiochus et sa fille.
(16) Lors de retrouvailles avec son père, Tarsienne se lamentait d’ailleurs sur le sort injuste qui lui est fait, bien qu’elle ait "esté tousjours inocente" (p. 147).