Materiae Variae Volume III
Les jugements de Renart : impunités et structure romanesque de Jean R. Scheidegger
Les "vieux sages" épiques de Jean Subrenat
Pères et filles dans Apollonius de Tyr de Jean R. Scheidegger
Problèmes de justice dans Li chevaliers as deus espées de Régine Colliot
Le Graal et la Chevalerie de Jean Frappier
NOTES
LE DIABLE ET SON ADVERSAIRE DANS L'ADVOCACIE NOSTRE DAME
(POÈME DU XIVe SIÈCLE)
* Cet article a été initialement publié dans Le Diable au Moyen Âge, Senefiance n°6, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1979, p. 237-258.
LES JUGEMENTS DE RENART : IMPUNITÉS ET STRUCTURE ROMANESQUE
* Cet article a été initialement publié dans La justice au Moyen-Âge, Senefiance n°16, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1986, p. 333-348.
(1) Il existe actuellement plusieurs éditions du roman : E. Martin, Le Roman de Renart, Paris et Strasbourg : Trübner et Leroux, 1882-1887, 3 vol. ; M. Roques, Le Roman de Renart. édité d'après le manuscrit de Cangé, Paris,: Champion (CFMA), 1948-1963, 6 vol. ; N. Harano, N. Fukumoto et S. Suzuki, Le Roman de Renart édité d'après les manuscrits C et M, Tokyo, France Tosho, 1983 pour le volume I, le second devant paraître sous peu. Comme la numérotation des branches diffère d'une édition â l'autre, je préfère pour la commodité du lecteur titrer les diverses branches et donner une petite concordance : Jugement : Martin I, Roques I, HFS X. Siège : Martin Ia, Roques I, HFS X. Escondit : Martin Va, Roques VIIb, HFS IX. Duel : Martin VI, Roques VIII, HFS XXVI. Renart médecin : Martin X, Roques XIX, HFS XXIX. Renart empereur : Martin XI, HFS XXX. Renart le Noir : Martin XIII. Mort Renart : Martin XVII, HFS XXXI. Renart nigromancien : Martin XXIII, HFS XXXII.
(2) Voir entre autres : J. Graven, Le Procès criminel du Roman de Renart : étude du droit criminel féodal au XIIe siècle. Genève : Georg, 1950, malgré les réserves que ce travail suscite : le texte est celui de l'adaptation de Paulin Paris, la documentation juridique est hétérogène et tardive (XIIIe, voire XIVe siècle) ; G. Van Dievot, "Le Roman de Renart français et Van den Vos Reynaerde (hollandais), témoins fidèles de la procédure pénale aux XIIe et XIIIe siècles", Aspects of the Medieval Animal Epic, (dir.) F. Rombauts et A. Welkenhuysen, Louvain 1975, pp. 11-23 ; A. Figueroa, El Roman de Renart. documento critico de la sociedad medieval, Santiago de Compostela 1982, p. 57-85.
(3) Les structures narratives dans le Roman de Renart, Helsinki, Suomalainen Tiedeakatemia, 1981, p. 104 et suiv. Voir aussi l'article de R. Bellon, " La justice dans le Roman de Renart, La justice au Moyen-Âge, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1986, p.79-95.
(4) Témoins privilégiés des familles α et ß, publiés respectivement par Martin (vol. I) et par Roques. Je prendrai cependant D comme exemple de a, A étant partiellement mutilé. Sur la tradition manuscrite voir H. Büttner, Studien zu den Roman de Renart und den Reinhart Fuchs, I, Die Überlieferung des Roman de Renart und die Handschrift O, Strasbourg 1891.
(5) Qui constituent avec n la famille γ. C est édité par Harano, Fukumoto et Suzuki.
(6) Dans B, les jugements occupent les rangs I, VII, VIII et XIX. Dans C, les rangs IX, X. XXVI. XXIX et XXXI ; dans M, seul manuscrit à donner cette branche, Renart nigromancien occupe le rang XVIII.
(7) A la Disciplina clericalis de Pierre Alphonse, bien sur, mais aucune branche n'a repris cet élément propice pourtant à des variations sur le thème du reflet dans l'eau traité dans le Puits.
(8) Martin XXII, Roques XIII, HFS XXVII.
(9) Béroul, édition E. Muret revue par L. M. Oefourques, Paris, Champion, 1974, vv. 4168-4174. De même Hersent jurera que jamais elle ne fit de son corps chose qu'une nonne ne puisse faire (Martin I, v. 175-179). Selon saint Bernart (Traité de la maison intérieure, traduction Dion, dans Œuvres complètes, Paris 1867, tome VI, p. 37) ce genre de sermon prononcé avec duplicité rend son auteur doublement coupable, "parce qu'il prend en vain le nom de Dieu, et parce qu'il trompe son prochain par ses ruses".
(10) Dans Renart médecin, le goupil rendra à Roonel "corsaint" la monnaie de sa pièce, en lui faisant prendre le piège dissimulé dans les vignes pour les reliques de saint Hilaire. A trompeur, trompeur et demi...
(11) Brunet Latin, Livre dou tresor, édition Fr. J. Carmody, Berkeley et Los Angeles, 1948, p. 319.
(12) Pierre Fabri, Le grand et vrai Art de pleine rhetorique, édition A. Héron, Rouen 1889, vol. 1, p. 9. Conception classique que celle de cette rhétorique qui éloigne du vrai : il suffit de se souvenir de saint Augustin : "Ces années-là, j'enseignais la rhétorique (...), l'art des artifices, non pas pour en user contre la vie d'un innocent, mais au profit parfois d'une tête coupable" (Confessions, IV, 2, trad. J. Trabucco, Paris, Garnier-Flammarion, 1964).
(13) Voir la graphie du manuscrit B (B. N., fr. 1593) des poèmes de Rutebeuf : De Regnart le bestourné (édition E. Farai et J. Bastin, Œuvres complètes de Rutebeuf, Paris, Picard, 1977, t. I, p. 532 et suiv). C'est bien le règne de Renart qui y est dénoncé. Et l'auteur de Renart le Contrefait écrira constamment Regnart. Le jeu sera poussé fort loin par le Jehan Tenessax du Livre de Maistre Regnard et de Dame Hersent sa femme qui parait en 1516 chez Michel Lenoir à Paris (sur ce texte inédit, voir H. Roussel, Renart le Nouvel de Jacquemart Gielee, Etude littéraire, Lille, 1984, p. 209-218, et l'article d'A. E. Lincoln dans The Romanic Review, XXIV, 1933, pp. 223-233). Tenessax en effet rapproche calmement son Regnard du "souverain regnard", c'est-à-dire "Dieu de paradis (...) qui a la congnaissance de nos pensees" à l'exclusion de tout "autre regnard" (chap, XLIII).
(14) Le Couronnement de Renart, éd. A. Foulet, Princeton et Paris, 1929 (Elliot Monogr.. 24).
(15) Ed. H. Roussel, Paris, Picard (SATF), 1961.
(16) Pierre Klossowski, Sade mon prochain, précédé de Le philosophe scélérat, Paris, Seuil 1967, p. 73, auquel j'emprunte la citation de Robespierre.
(17) Ibidem, p. 187.
(18) Pour Sade, voir Roland Barthes, Sade, Fourrier, Loyola, Paris, Seuil, 1971.
(19) Martin I, v. 1301-1306.
(20) Voir le beau commentaire de C. Reichler, La Diabolie. La séduction, la renardie, l'écriture, Paris, Minuit. 1979, p. 77 et suiv., que je résume ici. Cette communication doit beaucoup aussi aux séminaires de Roger Dragonetti, qui m'ont fait découvrir la richesse du Roman de Renart.
(21) Duel. Roques VIIb, v. 6128-30.
(22) Roques VI. v. 5479.
(23) Duel. Roques VIII. v. 7645-8. Voir aussi, entre maints exemples : Renart médecin. Martin X, v. 435-6 : "Et tient (Roonel) bien la parole a voire / Que Renart li a fet acroire". Renart le Noir. Martin XIII, v. 1061-1062 : "Tel chose li faisoit acroire / Oui ne pooit pas estre voire."
(24) Essart Renart. Roques XIII, prologue.
(25) Perroz qui son engin ess'art / Mist en vers faire de Renart... (Jugement, Roques I, v. 1-2).
(26) Maurice Blanchot, L'entretien infini, Paris, Gallimard. 1966, p. 288.
(27) Saint Bernard, Traité de la maison intérieure, op. cit., p. 36.
(28) Ibidem
(29) Roques I, v. 2580. Le manuscrit a porte la même graphie signifiante. Voir R. Dragonetti, "Renart est mort, Renart est vif, Renart règne", Critique. XXXIV (1978), p. 783-798.
LES "VIEUX SAGES" ÉPIQUES (L'EXEMPLE DE NAIMES DE BAVIERE, RIOL DES MANS DANS GAYDON
* Cet article a été initialement publié dans Vieillesse et vieillissement au Moyen Âge , Senefiance n°19, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1987, p. 413-424.
(1) Cf. la communication de M. De Combarieu du Grès, Les “vieux fous” épiques, dans le même volume de Senefiance n°19, p. 367-390.
(2) La Fontaine, Fables, XII, 5.
(3) William Kibler, Relectures de l’épopée, in Au carrefour des routes d’Europe : la chanson de geste, Aix-en-Provence, 1987, p. 103 et suiv.
(4) Ed. F. Guessard et S. Luce,Paris 1862 ; cf. aussi vv. 9734-9736, 10251-10252, 10532-10533.
(5) Cf. v. 3305.
(6) Cf. par ex. v. 3617 et suiv.
(7) v. 10563.
(8) Cf. par ex. v. 7603-7608, 8563-8567.
(9) Ed. F. Castets, Montpellier, 1909, v. 10199-10200. 11020. ;
(10) Cf. 10197.
(11) Cf. aussi :“Car drois le dist, sel tesmoingne l’autor, / Que mauvais fait guerroier son seignor” (v. 5854-5855).
(12) Cf. aussi v. 5554-5577, 5838-5862.
PERES ET FILLES DANS APOLLONIUS DE TYR
* Cet article a été initialement publié dans Les relations de parenté dans le monde médiéval, Senefiance n°26, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1989, p. 257-271.
(1) Edité par A. Schultze, Zeitschrift fur romanische Philologie, XXXIII (1909). p. 226-229. Maurice Delboullle. "Apollonius de Tyr et les débuts du roman français", Mélanges offerts à Rita Lejeune, Gembloux, 1969, vol. 2, p. 1171-1204, a montré l’influence importante que ce texte a pu avoir sur les débuts de la littérature française.
(2) La version dite commune et la version de Bruxelles sont éditées par Charles B. Lewis, "Die altfranzösischen Prosaverslonen des Apollonius-Romans", Romanische Forschungen, XXXIV (1915), p. 1-277. La version de Vienne a été publiée, avec une traduction en français moderne et une importante étude, par Michel Zink, Le Roman d’Apollonius de Tyr, Paris, UGE (10/18), 1982. C’est cette édition que je suivrai ici.
(3) Voir Elimar Klebs, Die Erzählung von Apollonius aus Tyrus. Eine geschichtliche Untersuchung über ihre lateinische Urform und ihre spâteren Bearbettungen, Berlin, Reimer, 1899.
(4) M. Zink, Le Roman d’Apollonius de Tyr, éd. cit., p. 23-26.
(5) Ibidem, p. 23. Le roman latin a été publié par Alexandre Riese. Historia Apollonü regis Tyri, Leipzig, 1893.
(6) Ibid., v. 19-30.
(7) L’énigmatique formulation du manuscrit de Bruxelles : "je cherche mon père, l’époux de ma mère, le fils de ma f)mme", peut trouver une explication encore plus scabreuse, s’il faut la comprendre à la lettre. Si on donne au terme "femme" le sens de "personne avec laquelle on entretient des rapports charnels", et si Antiochus couche aussi avec sa grand-mère, son père est bien le fils de sa femme... Rappelons que le Moyen Âge ne s’effraye pas trop des Incestes "combinés", dont on a de forts beaux exemples avec l’histoire de saint Alban, le bienheureux évangélisateur de la Hongrie qui commença sa carrière en pratiquant l’inceste tant avec sa mère qu’avec sa fille.
(8) Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon. 1958, p. 235 et suiv.
(9) Voir infra. Il faudrait voir pourtant de quelle manière ces divers éléments sont ici articulés et combinés, pour vérifier si la structure d’Apollonius reprend la structure du mythe œdipien. La place me manque pour pouvoir le faire dans ce cadre.
(10) "Œdipe avant le complexe", Psychanalyse et culture grecque, (dir.) D. Anzieu et alii, Paris, 1980, p. 9-53.
(11) Relevons que certaines variantes du mythe grec font de la Sphynge une fille naturelle de Laïos, née avant son mariage. Le duel Oedipe - Sphynge relève alors de la rivalité frère-sœur, voire de l’inceste frère-sœur, puisque la victoire de la Sphynge se traduit par une fatale possession sexuelle. Les fragments archéologiques montrent en effet la Sphynge sous la forme d’une démone couchant sa victime sous elle, et en tirant une jouissance sexuelle sadique, et chez Pindare et les tragiques, elle est une ogresse mangeuse de chaire crue ne s’attaquant qu’aux Jeunes gens les plus beaux et les plus désirables (voir Marie Delcourt, Oedipe ou la légende du conquérant, Liège. 1955).
(12) Elle reste anonyme dans le texte de Vienne. Je l’appellerai Lucienne, avec la caution de la version de Bruxelles.
(13) Version de Bruxelles. La leçon d’amour d’Apollonius à son élève est reproduire par M. Zink, Le Roman d’Apollonius de Tyr, éd. cit., p. 263 et suiv.
(14) "Quiconques vouldra violer Tarsienne paiera ung marc de fin or", est-il inscrit au dessus de l’huis de la maison qui l’héberge...
(15) Le fait est souligné par la vision d’Apollonius : un ange descendant du ciel lui enjoint de se rendre à Ephèse au temple de Diane, en compagnie de sa fille et de son gendre (p. 151). De même, c’est une intervention divine qui avait châtiée Antiochus et sa fille.
(16) Lors de retrouvailles avec son père, Tarsienne se lamentait d’ailleurs sur le sort injuste qui lui est fait, bien qu’elle ait "esté tousjours inocente" (p. 147).
PROBLEMES DE JUSTICE DANS LI CHEVALIERS AS DEUS ESPÉES
GAUVAIN, MEURTRIER PAR PROCURATION
* Cet article a été initialement publié dans La justice au Moyen-Âge, Senefiance n°16, Aix en Provence, Presses Universitaires de Provence, 1986, p. 125-137.
(1) Li Chevaliers as deus espées. Altfranzösischer Abenteuerroman publié par Wendelin Foerster, Halle 1877 ; édition Rodopi, Amsterdam 1966.
(2) Ibidem, v. 570-580 : " Seignour, vous savés bien / Ke li rois pour neis une rien / Ne se desdist de rien k'il die./ Ne onques ne fist en sa vie ".
(3) Ibid., v. 1698v 1701.
(4) Ibid., v. 2956 et suiv.
(5) Ibid., v. 2971-2981.
(6) Ibid., v. 6570-75 : "car coutusme est plévie Ici que tuit perdront la vie Li estrange Ici ci venront. "
(7) Ibid., v. 6894-6901.
(8) Ibid., v. 6922-6929.
(9) Ibid., v. 6934-6938.
(10) Ibid., v. 6939.
(11) Ibid., v. 6940-6945.
(12) Ibid., v. 6952-6955.
(13) Ibid., v. 6973-6979.
(14) Ibid., v. 7053-7056.
(15) "Mainet, chanson de geste du XIIème siècle", (éd.) Gaston Paris, Romania, tome IV, 1875, p 322-323,.126-129 : D'un enfant vos dirai qui nos i fu garans ;
Tant est jovenes et enfes, n'a encor que treze ans
Quant nos en vit partir forment en fu dolans.
Tout a ars en monta, tant fu de cuer ardans...
Ibidem, v. 150 -151.Devant trestout les autres nos ocist Caimant / Le prince d'Odiene, gonfannonier Braimant".
Ibidem, p 324-325, v. 20-22: : Galienne déclare :"Miels aim le soldoier tout nu en son bliaut / Que les trente roiaumes a Braïman l'escorfaut !"
(16) Li chevaliers as deus espées, éd. cit. , v. 7999-8001.
(17) Ibidem, v. 6853-6857.
(18) Ibid., v. 9956, 9957.
(19) Ibid., v. 9969 - 9971.
(20) Ibid., v. 10208-10214.
(21) Ibid., v. 10227-10229.
(22) Ibid., v. 10294-10297.
(23) Ibid., v. 3306-3315. Déploration d'Arthur qui croit Gauvain à la mort :
"Vous ki tout le mont honnerés,
Vous ki portés les fais en tous.
Vous ki apaisiés les courous,
Vous ki estes du mont escus,
Vous ki estes tous jors vescus
Por povres dames soustenir.
Vous ki soliés si maintenir Les puceles desiretées.
Vous ki avés tous jors giétées les malvaistés arrère dos... "
(24) Ibid., v. 2977 -2979
(25) Ibid., v. 8179- 8187
(26) Ibid., v. 2206
(27) Ibid.,v. 11, 467, 471.
LE GRAAL ET LA CHEVALERIE
* Cet article a été initialement publié dans la revue Romania, t. 75 (1954), p. 165-210.
(1) Comme celui des origines de la noblesse, le problème des rapports entre la noblesse et la chevalerie est très discuté par les historiens ; on peut admettre cependant que si nobiles et milites ne se sont probablement pas confondus tout de suite, une équivalence, dont la date (du milieu du XIIe siècle à la fin du XIIIe) semble avoir varié selon les régions, s'est établie entre les deux états, tout chevalier appartenant à une famille noble, si tout noble n'était pas chevalier; en fait, surtout à partir du premier tiers du XIVe siècle, certains chevaliers ont pu être de naissance plébéienne (voir les remarques de L. Foulet, dans son étude sur "Sire, Messire", Romania, LXXII (1951), p. 76-77), mais il est sûr que dans les romans du XIIe et du XIIIe siècle, la chevalerie du Graal se recrute, non sans correspondance avec une réalitésociale et psychologique, dans une noblesse héréditaire qui forme un groupe fermé où prédomine l'idéologie du lignage.
(2) S'il n'y a pas lieu de retenir l'exemple de l'Erec (v. 1121, éd. Foerster ; v. 11 17, éd. Roques), où il s'agit selon toute vraisemblance d'une simple rencontre de mots, l'expression de « chevalier errant » est déjà employée par Chrétien, dans son sens proprement chevaleresque ou peu s'en faut, au vers 259 (éd. Foerster) du Chevalier au lion (dans le récit de Calogrenant) : « Après soper itant me dist Li vavassors, qu'il ne savoit Le terme, puis que il avoit Herbergié chevalier errant Qui aventure alast querant, S'en avoit il maint herbergié. » II est visible que le vers 260 fournit, au moins implicitement, une définition du chevalier errant (on peut la compléter à l'aide des vers 358-368, où Calogrenant explique au vilain qui garde les taureaux sauvages qu'il est un chevalier en quête d'aventures et de merveilles pour éprouver sa prouesse et son hardement). Toutefois ce serait là le seul exemple à peu
près sûr de l'expression chez Chrétien. En revanche, une cinquantaine d'années après lui, les exemples du Lancelot propre (près de soixante en tout) permettent de penser que l'expression est déjà consacrée pour désigner une catégorie spéciale de chevaliers et un mode de vie chevaleresque ; signalons qu'en deux endroits le Lancelot propre reprend la définition de Chrétien : « Os tu, chevaliers errans qui vas querant aventures... » (éd. Sommer, t. IV, p. 339, l. 33) ; «Os tu, chevaliers errans qui aventures vas querant... » (ibidem, p. 341, l. 13). — Voir aussi la définition donnée dans ce bout de dialogue entre Bohort et un ermite : « Et Bohors le salue quant il l'aperchoit et li demande se il le porroit herbergier anuit mais. « Qui estes vous ? fait li hermites. — Jou sui, fait il, uns chevaliers errans de la maison le roy Artus. — Ha ! fait li hermites, vous estes dez chevaliers aventureus qui vont par lez estranges tieres querant lez mervelleuses aventures. — Sire,fait il, vous dites voir. » (Ibid., t. V, p. 142, l. 33-38).
(3) Au début du Conte du Graal, un beau passage associe la louange des nobles lignages à l'amer regret de leur décadence sociale, imméritée. Écoutons se désoler la mère de Perceval : « N'ot chevalier de si haut pris, Tant redoté ne tant cremu, Biaus filz, con vostre pere fu An totes les Isles de mer. De ce vos poez bien vanter Que vos ne decheez de rien De son lignage ne del mien ; Que je sui de chevaliers née, Des meillors de ceste contrée : Es Isles de mer n'ot lignage Meillor del mien an mon aage ; Mes li meillor sont decheü, S'est bien an plusors leus seü Que les mescheances avienent As prodomes qui se maintienent A grant enor et an proesce. Mauvestiez, honte ne peresce Ne chiet pas, car ele ne puet; Mes les bons decheoir estuet. Vostre pere, si nel savez, Fu parmi les janbes navrez Si que il maheigna del cors. Sa granz terre, ses granz trésors, Que il avoit come prodon, Ala tot a perdicion, Si cheï an grant povreté. Apovri et deserité Et essillié furent a tort iL jantil home aprés la mort Uterpandragon, qui rois fu Et pere le bon roi Artu. Les terres furent cssilliees Et les povres jam avilliees... » (éd. Hilka, v. 416-448).
(4) De laude novae militiae (entre 1128 et 1136).
(5) Notamment aux vers 21-60 (éd. Hilka).
(6) Vers 6459.
(7) En adoubant Perceval, Gornemant de Goort célèbre dans la chevalerie l'ordre le plus haut que Dieu ait créé (v. 1632-1638), mais aucun acte religieux n'accompagne la cérémonie.
(8) Cf. v. 1034-1063..
(9) Il arrive bien entendu que Chrétien mentionne des gens d'Église, prêtres séculiers, moines et religieuses, mais c'est en passant, dans de rapides énumérations; jamais, je crois, il ne fait allusion à un chapelain du roi Arthur, et aucun prêtre n'apparaît au château du Roi Pêcheur.
(10) Dans un cours de catéchisme condensé et accéléré, mais d'un ton pénétré.
(11) Il ne faut pas exagérer la portée de cet ésotérisme ; l'oraison secrète où sont énumérés les noms les plus puissants de Dieu est d'un type connu (cf. W. Kellermann, Aufbaustil und Welibild Chrestiens von Troyes im Perceval-roman, Halle, 1936) p. 199-202) et n'a pas complètement disparu des croyances populaires d'aujourd'hui (prière des 56, des 72 ou des 76 noms de Jésus). Dans le Conte du Graal, l'oraison confiée par l'oncle au neveu, autant ou plus que par un prêtre à un néophyte, semble avoir surtout la valeur d'un talisman propre à un lignage.
(12) Le Graal et le tailloir d'argent sont portés par des « demoiselles », des jeunes filles nobles, la lance et les chandeliers par des « valets », c'est-à-dire par de jeunes gentilshommes.
(13) La Queste del Saint Graal.
(14) Appelées Continuation Gauvain et Continuation Perceval.
(15) Wolfram a poussé fort loin l'exaltation de la chevalerie, non seulement dans son Parzival, mais aussi dans le fragment épico-lyrique du Titurel ; on trouvera à ce sujet d'excellentes remarques dans l'article de Jean Fourquet, "L'Ancien et le Nouveau Titurel - Lumière du Graal "(Cahiers du Sud), Paris,
1951, p. 230-234.
(16) « Le Provençal nous dit, en conteur véridique, comment le fils d'Herzeloïde, héros prédestiné, devint roi du Graal, après qu'Anfortas eut démérité. » (Trad. Tonnelat, Parzival (Perceval le Gallois), Paris, Aubier, 1934, t. 2, p. 342.)
(17) Cf. trad. Tonnelat, t. II, p. 16, 36, 39-40, 56, 306-307.
(18) Seuls les 500 premiers vers de son Merlin nous sont parvenus.
(19) D'après Geoffroy de Monmouth (Historia Regum Britanniae, éd. Faral, chap. CLXXVIII), Arthur est mort l'année 542.
(20) Cf. notamment J. Marx, "Robert de Boron et Glastonbury", Le Moyen Âge (1953), p. 69-86, et l'édition W. A. Nitze (CFMA, 1927) du poème de Robert de Boron, p. XIV.
(21) Riche Pêcheur, dit Robert de Boron ; l'expression de Roi Pêcheur, de Riche Roi Pêcheur reparaît dans le Didot-Perceval.
(22) Edit. W. Roach, p. 139-140.
(23) Ibid., p. 238-243.
(24) Comme l'a justement remarqué M.Jean Marx (loc. cit., p. 77), l'histoire de ce saint lignage contient une invraisemblance chronologique ; il est impossible, en effet, que deux générations seulement aient suffi à remplir les cinq siècles qui séparent l'époque de Joseph d'Arimathie et celle d'Arthur et de la Table Ronde, à moins que la longévité de Bron et de son fils Alain n'ait été miraculeuse (ce qui n'est indiqué nulle part dans la trilogie) ; l'hypothèse de J. Marx, selon laquelle Robert de Boron aurait mal interprété un texte latin qui serait à la source de son poème, est plausible : en réalité, le nom de Bron se serait transmis à plusieurs gardiens successifs du Graal. La même invraisemblance chronologique se constate dans le Perlesvaus (édit. Nitze et Jenkins), l. 23, où Joseph d'Arimathie est l'oncle de la mère de Perlesvaus.
(25) Vers 3363-3364. Voir aussi les vers suivants 3365-3370.
(26) Voir les judicieuses remarques de W. A. Nitze (édit. du poème de Robert, p. XII-XIV) sur le nom d'Hebron, sa variante Bron et le rapprochement possible de Bron et de Bran, héros-dieu de la mythologie celtique.
(27) Édit. W. Roach, p. 140.
(28) Ibidem, p. 139.
(29) XXVII, 57 : Cum autem sero iactum esset, vcnit quidam homo clives ab Arimathaea, nomine Joseph, et ipse discipulus erat Jesu.
(30) XXIII, 50-51 : Et ecce vir nomine Joseph qui erat decurio, vir bonus et Justus,... ab Arimathaea civitate Judaeae, qui expectabat et ipse regnum Dei.
(31) XV, 42-43 : Et cum jam sero esset factum..., venit Joseph ab Arimathaea nobilis decurio, qui et ipse erat expectans regnum Dei.
(32) XIX, 38 : Post haec autem rogavit Pilatum Joseph Arimathiensis, qui erat discipulus Jesu, sed occultus propter metum Judaeorum, ut tolleret corpus Jesu.
(33) Cf. vers 3123 et 3221.
(34) Nous renvoyons ici à l'article de F. Lot, "Glastonbury et Avalon", Romania, XXVII (1898), p. 529 et suiv. ; et surtout à celui de J. Marx, "Robert de Boronet Glastonbury", Le Moyen Âge , t. 59 (1953), p. 69 -86.
(35). Cf. R. S. Loomis, dans Speculum, XXVII (1952), p. 410 et E. Faral, La légende arthurienne, t. I, p. 301 et t. II, p. 407 et p. 422.
(36) La troisième, anonyme, écrite en anglo-normand, ne semble pas antérieure à la seconde moitié du XIIIe siècle ; ces Trois versions rimées de l'Évangile de Nicodème ont été éditées par G. Paris et A. Bos, Paris,1885.
(37) Cf. les vers 743-808 de la version d'André de Coutances.
(38) Ibidem, vers 1166 et suiv.
(39) Que la christianisation du Graal et de la lance ait été progressive et se soit accomplie en plusieurs étapes, comme je l'ai déjà soutenu dans une étude sur le Cortège du Graal (Lumière du Graal, Les Cahiers du Sud, Paris, 1951 p. 175-221), le poème de Robert de Boron nous fournit encore une autre raison de le croire : il est incompréhensible, en effet, que Joseph d'Arimathie ne devienne pas aussi le possesseur de la Sainte-Lance si, dès le début, et avant même que Chrétien de Troves ait écrit son roman, le Graal et la lance qui saigne avaient été considérés comme de saintes reliques indissolublement liées l'une à l'autre, ainsi que le prétendent volontiers les partisans de l'origine chrétienne. Quand Joseph recueille le sang du Christ, il s'agit du sang qui se met à couler des plaies fraîchement lavées : aucune allusion à la lance et au sang qui coulerait d'elle. C'est après Robert de Boron que l'oubli concernant la lance a été réparé : cf. Perlesvaus, éd. cit., l. 32-33.
(40) "Mut ai amè un chevalier, Eliduc le bon soudeer (Eliduc, vers 1073-1074).
(41) Béroul, Tristan, vers 2173-2178, 2241-2242, 2669-2673. — Voir aussi le personnage du Riche Soudoier dans la Première Continuation du Conte du Graal.
(42) Elle a été signalée par F. Lot dans une note perspicace, mais trop rapide, de son Etude sur le Lancelot en prose (p. 101, n. 6).
(43) Il est appelé « riches hom produm... e de bone vie » dans la traduction de Chrétien (vers 845-848) ; « Joseph, qui pius et doz estoit Et le regne Deu atendoit », dit André de Coutances (vers 193-194); «prodome » dit seulement la traduction anonyme (v, 870) qui emploie certainement le mot au sens d'homme de bien, et non au sens d'homme vaillant.
(44) Nobilis decurio est une traduction un peu libre, faite pour des lecteurs latins, du titre, jugé trop vague, de « notable conseiller » que porte le texte grec.
(45) Cf. les vers 439-472.
(46) Cette couleur chevaleresque persiste, malgré quelques changements, dans le Perlesvaus (édit. W. A. Nitze et T. A. Jenkins, vol. I, p. 24, 11. 23- 35) et dans l'Estoire del Saint Graal (éd. H. O. Sommer, p. 13, 11. 19-37).
(47) Vers 885-886. — Voir aussi les vers 815-824.
(48) Cf. vers 3035-3036, 3400-3402.
(49) XIX, 38. Le texte de saint Jean est repris et légèrement développé par Robert, vers 201-208. Cf. aussi vers 801-808.
(50) Vers 833-842.
(51) Vers 847-850 ; voir aussi le passage suivant, vers 851-892.
(52) Pourtant il n'a pas prêté attention au fait que Joseph d'Arimathie, chef du lignage prédestiné, était un chevalier pour Robert de Boron.
(53) Paul Zumthor, Merlin le Prophète, Lausanne, Imprimeries Réunies S. A., 1943, p. 128-129. Voir aussi les pages 158-167 et même tout le chapitre III : Merlin dans l'oeuvre de Robert de Boron.
(54) Ibidem, p. 129-130.
(55) Didot-Perceval, édit. W. Roach, p. 243.
(56) P. Zumthor, Merlin le Prophète, op. cit., p. 164, n. 2.
(57) Ibidem, p. 139.
(58) Les auteurs de ces deux romans sont inconnus. La date du Perlesvaus est très discutée ; j'incline à croire qu'il est à peu près contemporain de la Queste, vers 1220-1225.
(59) Queste del Saint Graal, édit. Pauphilet, p. 117-118.
(60) Ibidem, p. 118, l. 2-4.
(61) Ibid., l. 10-15.
(62) Ibid., l. 6-8.
(63) Le vaslet ne cesse de dire vous à Lancelot, tandis que celui-ci le tutoie après l'avoir vouvoyé.
(64) A. Pauphilet, Etude sur la Queste del Saint Graal, Paris, Champion, 1921, p. 141.
(65) La Queste del Saint Graal, éd. Pauphilet, p. 31, 35, 40-41.
(66) Ibidem, p. 40, l. 7-13.
(67) F. Lot l'a bien senti en écrivant les lignes suivantes : « Tout en condamnant la chevalerie [je préciserais pour ma part : la chevalerie « terrienne »], l'auteur de la Queste l'admire passionnément. Galaad, nouveau Christ, est représenté sous la forme la plus haute qui puisse exister pour l'auteur, celle d'un chevalier.» (Romania, t. XLIX (1923), p. 438).
(68) « Si vos pri que vos me conseilliez au profit de l'ame et a l'ennor de chevalerie » (Queste del Saint Graal, édit. Pauphilet, p. 164, l. 21-22).
(69) Ibidem, p. 71, l. 1-3.
(70) Ibid., l. 5-9.
(71) Perlesvaus appartient du côté maternel au lignage de Joseph et du côté paternel à celui de Nichodemus, ami de Joseph d'Arimathie. Cf. Perlesvaus, édit. Nitze-Jenkins, t. I, p. 24-25, et, au t. II, les tableaux généalogiques des pages 190-191.
(72) Queste del Saint Graal, édit. Pauphilet, p. 7, l. 25-27.
(73) Lancelot propre, édit. Sommer, t. III, p. 13, l. 3-4.
(74) Cf. Ibidem, p. 88, l. 2-8.
(75) Ibid., p. l. 16-117.
(76) Cf. Queste del Saint Graal, éd. Pauphilet, p. 268-269 : "Veez ci Josephes, li premiers evesques des crestiens, celui meïsmes que Nostre Sires sacra en la cité de Sarraz ou palés esperitel » (p. 268, l. 22-24).
(77) Édit. W. Roach, p. 180-183 et 219-222. Dans le Didot-Perceval, le héros n'a pas d'autre guide religieux que cet oncle, qui connaît le secret du Graal et de son lignage c'est le même secret ainsi que la prédestination de son neveu.
(78) Edit. Pauphilet, p. 26-27.
(79) Ibidem, p. 198, 1. 1-6. L'ermite en question s'appelle Ulfin (ibid., l. 13).
(80) Ibid., p. 261, l. 23-25.
(81) Ibid., p. 81, 1. 23-28. Voir aussi la rencontre de Bohort et de l'ermite monté sur un âne (ibid., p. 162).
(82) Voir, entre autres exemples, p. 60-61, 86-88, 102, 164, 193-195 de l'édit. Nitze-Jenkins.
(83) F. Lot, Etude sur le Lancelot en prose, op. cit., p. 152. Voir aussi p. 99 : « Parmi ces prudhommes il en est qui sont l'objet d'une révérence toute particulière : ce sont les chevaliers ou “sergents” retirés du siècle. »
(84) Édit. Sommer, t. III, p. 41, l. 25-33.
(85) Ibidem, t. V, p. 130, l. 2-4.
(86) Ibid., p. 143, l. 4-8. Voir encore (ibid., p. 464) l'ermite qui a vécu autrefois dans l'entourage du roi Lot d'Orcanie, père de Gauvain. On pourrait allonger la liste.
(87) Je pense que M. Lucien Foulet a vu juste en écrivant à propos de l'ermite Ulfin qui héberge Galaad : « On ne nous dit rien de son histoire, mais il est probable que, comme la plupart des ermites que l'on rencontre dans les romans du Graal, c'est un ancien chevalier. » (Romania, LXXI, 1950, p. 45).
(88) Queste, edit. Pauphilet, p. 44, l. 3-4.
(89) Cf. Ibidem, p. 71, l.16 et p. 117, l. 9-11.
(90) Ibid., p. 120, l. 11. Pour l'ensemble de l'épisode, cf. les pages 119-122.
(91) Cf. Ibid., p. 71-81.
(92) Ibid., p. 142, l. 16.
(93) Édit. Nitze-Jenkins, l. 893-899.
(94) Ibidem, l. 940-941.
(95) Édit. Nitze-Jenkins, l. 4389.
(96) Ibidem, l. 3560.
(97) Cf. ibid., l. 1634-1649.
(98) Cf. son dialogue avec Lancelot, l. 3 579-3 593-
(99) Cf. ibid., p. 165-1 66.
(100) Cf. la distinction curieuse à laquelle l'auteur a eu recours : "II oste sa chape grise, si demora en sa gone, et prent un de ceaus qui a Perlesvaus contendoient, e le caree sor son col, puis le jete en la riviere ; e Perlesvaus ocist les autres .II." (Ibid., l. 6141-6144).
(101) Ibid., l. 3618-3619. Joseus était encore « vallet » quand il a tué sa mère, « por ce qu'ele dist que ge ne seroie pas rois après la mort mon pere ; ainz me feroit moinne o clerc, e mes autres freres, qui morz est, avroit le roiaume. » (Ibid., l. 1637-1639).
(102) Queste del Saint Graal, éd. Pauphilet, p. 262, l. 30, p. 263, l. 2.
(103) Ibidem, p. 221, l. 14-16.
(104) Ibid., p. 220-226.
(105) Ibid., p. 227-228 et p. 275, l. 5-1 1. Galaad prend l'épée de David à la prière de ses compagnons Bohort et Perceval : « Sire, or vos prions ou nom Nostre Seignor Jhesucrist et por ce que toute chevalerie en soit essauciee, ceigniez l'Espee as estranges renges., qui tant a esté desirree ou roiaume de Logres, que onques li apostre ne desirrerent tant Nostre Seignor. » La soeur de Perceval lui attache l'épée au côté : c'est l'adoubement mystique de Galaad, comme l'explique la jeune fille : « Certes, sire, or ne me chaut il mes quant je muire ; car je me tiegn orendroit a la plus beneuree pucele dou monde, qui ai fet le plus preudome dou siecle chevalier. Car bien sachiez que vos ne l'estiez pas a droit quant vos n'estiez garniz de l'espee qui por vos fu aportec en ceste terre. » (Ibid., p. 228, l. 20-24).
(106) Queste del Saint Graa!, éd. Pauphilet, Introduction, p. XII.
(107) Ibidem, p. 267, 1. 22-31.
(108) Ibid., p. 267-271.
(109) Queste del Saint Graal, éd. Pauphilet, p. 270, l. 5-16.
(110) L'auteur souligne au moins deux fois que le salut est individuel et ne dépend pas des mérites collectifs du lignage : cf. l'entretien de Lancelot avec un ermite, p. 137-139, puis avec Galaad, p. 252, l. 21-27. Cf. aussi les propos échangés entre Bohort et un ermite, p. 164-165. Il n'empêche que la Queste ne nous éloigne nullement de la chevalerie et qu'elle ne renonce pas à l'illustrer.
(111) Assez au sens de très.
(112) Queste del Saint Graal, édit. Pauphilet, p.. 272, l. 19-24.
(113) Cf. Jeanne Lods, Le Roman de Perceforest, Genève, Droz et Lille, Giard, 1951), p. 33-34 et p. 246-258. Voir notamment, p. 258, les remarques sur l'absence de tout clergé dans le culte du Dieu Souverain.
(114) Hanc historiara latine scriptam invenire non potui, sed tantum gallice scripta habetur a quibusdam proceribus... -- Hélinand était lui-même de sang noble.
(115) Spieghel Historiael, édit. M. de Vries et E. Verwijs, Leyde, Brill, 1862-1863), t. I, première partie, premier livre, Prologue, v. 55-56 : « di boerde van den Grale, die loghene van Perchevale » ; voir aussi les vers suivants 57-68 ; ailleurs (ibidem, p. 315, VIIe livre, chap, XXXIX, v. 61-64), Jacob van Maerlant déclare n'accorder aucune valeur aux fables que les menteurs du Graal racontent à propos de Joseph d'Arimathie ; il s'exprime de façon analogue dans la IIIe partie, livre VIII, chap. LX, v. 61-94 (t. III, p. 125). En un autre endroit, après avoir rappelé comment Dieu reprocha à saint Jérôme de consacrer plus de temps à la lecture des poètes païens qu'à l'étude de la Bible, nil s'exclame : « Hélas ! ceux qui font tant de cas du Graal et de Lancelot, si cet exemple leur inspirait de la crainte, ils laisseraient les fables et choisiraient la vérité. » (t. III, livre I, chap, XXXVI, v. 109-112). Ces passages sont personnels à Jacob van Maerlant ; on ne trouve rien d'équivalent chez Vincent de Beauvais.