• facebook
  • twitter
Accueil
  • Actualités
  • Etudes choisies
  • Miscellena Juslittera
    • Volume 1
    • Volume 2
    • Volume 3
    • Volume 4
    • Volume 5
    • Volume 6
    • Volume 7
    • Volume 8
    • Volume 9
    • Volume 10
  • Medievalis Eurôpè Normatis
  • Transcription Aubéry Le Bourgoin
  • Archives
    • Vidéothèque
    • "Droit et littérature" présenté par Bernard Ribémont
    • "La diplomatie de Louis XI" présenté par Joël Blanchard
    • "Le procès de Ganelon" présenté par Bernard Ribémont
    • "La vacance du pouvoir dans Renart Empereur : entre réécriture arthurienne et témoignages historiques" présenté par Jérôme Devard
    • "Fauvel et l'idée de Justice" présenté par Bernard Ribémont
    • "La circulation des nouvelles sous Louis XI. La Chronique scandaleuse de Jean du Roye" présenté par Jöel Blanchard
    • "Résister à la justice I" présenté par Bernard Ribémont
    • "Résister à la justice II" présenté par Bernard Ribémont
    • "Pour une prosopographie du petit peuple dans la Matière de France et le Roman de Renart : le faible écho de la voix des dominés" présenté par Jérôme Devard
    • "The representation of rape in John Fletcher’s The Tragedie of Bonduca" présenté par Samantha Frénée
  • Contact

La chanson d'Aubéri le Bourgoin estun  long récit d’environ vingt-six mille vers, composée dans l’est de la France au milieu du XIIIe siècle. L’histoire raconte les aventures du cousin de Garin le Lorrain, petit-fils d’Hervis de Metz par sa mère Erembourc. A ce titre, ce récit est une composante de la Geste des Lorrains au côté de Garin le Lorrain, Gerbert de Metz, Hervis de Mes, Anseÿs de Mez (ou de Gascogne), La Vengeance Fromondin et Yonnet. 

 

L'histoire raconte que le jeune homme maltraité par son oncle auquel il avait été confié par sa marâtre, parvient à s’échapper en tuant ses deux cousins et à se réfugier en Bavière, auprès de son parent Orri l’Allemand. Jalousé par les fils du roi, Auberi gagne la Flandre et délivre le pays des Danois. Il séduit la comtesse de Flandre, ce qui lui coûte un troisième exil, et revient en Bavière pour secourir la reine Guibourc et sa fille Seneheut capturée par les Sarrasins. Auberi les chasse, épouse Guibourc, la sœur de Charles Martel et promet Seneheut à son neveu Gascelin. Mais un traître, convoitant l’héritage de Sonneheut, attire Auberi dans un piège et le contraint à lui remettre Seneheut. Le héros réussit à la libérer et porte l’affaire devant Pépin. Cependant, Gascelin tue accidentellement Auberi. Après s’être disculpé lors d’un duel judiciaire, il épouse se promise avec qui il aura un fils qui est en fait Naimes de Bavière.

 

Ce texte nous est connue à travers trois rédactions. Une première est présentée par deux manuscrits (Rome, Vat. Reg. Lat. 1414 et Berlin, Staatsbibliothek, Gall. 48) ; une version plus tardive figure dans deux autres manuscrits (Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 358 et fr. 24368) ; et un seul témoin nous a transmis une version amplifiée  encore plus récente (Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 860). En raison de son extrême longueur, cette chanson de geste reste encore méconnue. Ainsi, elle n'a jamais fait l'objet d'un travail de transcription intégrale ; seules quelques parties ont été publiées dans différents articles ou ouvrages qui commencent à dater : 

 

Keller, Adelbert, Romvart. Beiträge zur kunde mittelalterlicher Dichtung aus italiänischen Bibliotheken, Mannheim, Bassermann; Paris, Renouard, 1844, p. 203-243 (édition partielle: f. 1-21 du ms. du Vatican) 

 

Le roman d'Aubery le Bourgoing, éd. P. Tarbé, Reims, Regnier, 1849 (édition partielle d'après le ms. fr. 24368) 

 

Tobler, Adolf, Mittheilungen aus altfranzösischen Handschriften. I. Aus der Chanson de geste von Auberi nach einer Vaticanischen Handschrift, Leipzig, Hirzel, 1870 (édition partielle : f. 22-92 du ms. du Vatican) ; 

 

Benary, Walter, « Der zweite Teil des Auberi », Zeitschrift für romanische Philologie, 50:4, 1930, p. 385-436 ;

 

Das französische Heldenepos Auberi le Borgignon, zweiter Teil. Kritischer text in Auszugen nebst Beschreibung der Handschrift und deren Beurteilung von Walter Benary, Halle, Niemyer, 1931 ; 

 

Sinclair, Keith Val, « Un fragment inédit de la chanson de geste d'Auberi le Bourguignon », Australian Journal of French Studies, 26:2, 1989, p. 115-124.

 

En somme, nous disposons d'une chanson de geste qui est fait partie de la Matière de France au même titre que la Chanson de Roland, la Chanson de Guillaume, mais en raison de sa longueur, celle-ci reste encore inédite car sa transcription ne cadre pas avec le temps académique laissé à la réalisation d'un doctorat. En effet, il faut être honnête, ce type de travail relève très souvent de la compétence des doctorants en littérature qui choisissent d'éditer un texte pour obtenir leur diplôme. Or, la transcription d'un récit de plus de 26000 vers est impossible dans la temps actuel imparti pour soutenir une thèse (5 ans maximum). De la même manière, ce travail semble être peu réaliste même pour les spécialistes les plus chevronnés qui, très souvent, travaillent à ce type de labeur, seuls, en fonction des prévisions éditoriales des différentes maisons d'édition. Dès lors, la transcription de la chanson d'Aubéri le Bourgoin semble relever du voeu pieu ou d'un projet chimérique. 

 

C'est pour pallier à la fois à cette idée et pour combler une lacune importante dans le paysage éditorial épique que l'équipe de Juslittera a souhaité proposer une transcription de cette chanson de geste selon un mode collaboratif ou participatif sur la base du mansucrit fr. 24368 qui a le mérite d'être accessible à la BNF.

Ainsi, toute personne qui le souhaite (et qui en a également les compétences) peut soumettre à l'équipe une transcription d'un folio entier ou simplement de quelques vers afn que ce récit puisse enfin être connu. Pour se faire, il suffit juste d'envoyer votre proposition de transcription à l'adresse suivante : jerome.devard@juslittera.com. Votre travail sera analysé par les spécalistes du réseau de Juslittera, et s'il est conforme au texte, il sera édité sur le site en face du folio concerné. Par ailleurs, votre nom sera mentionné au titre des contributeurs. 

Cependant, nous invitons  les personnes intéressées à s'informer en amont auprès du gestionnaire du site que les vers qu'elles envisagent de transcrire n'ont pas déjà été confiés à d'autres contributeurs. 

 

Nous comptons sur la collaboration du plus grand nombre afin de mener à bien cette mission dans un délai raisonnable.  

 

 

1 - Or escoutez , pour Deu le créator ,

( Qu'il nous garde par la soe douchor !)

Bonne chançon du tems anciennor .

Oïr la doivent Dus, Prince et contor,

5 - Dames , puceles , bourjois et vavassor ,

Du duc Aubry à la fière vigor,

Qui tant soffri de painne et de dolor.

Homs de son tems ne soufri tant destour ;

Tuit le faillirent si parent li meillor,

10 - Et tuit devindrent envers lui traitrour.

Mes Deu de gloire li donna tel valour,

Que tuit le tindrent à la fin à seignor.

Molt tint Basin son père à grant honour ;

Et si tint Jennes et le païs entour.

15 - Huimes commence chançon de grant valour

D'amor, de dames, de pitié, de douchour.

Se Deu me sauve ma force et ma vigor,

Meillor n'oïstes dire par jongléour .

Seignor pardoen assez l'avés oï

20 - Que traïson a maint homme honni,

Et loiauté maint prodome gari.

Voir fu que Karl , qui le poil ot flori,

Fu a Paris el paies seignori,

Où sejornoit volentiers chascun di :

25 - Car par François estoit li Bois servi.

Maint traitror li orent amati :

Mes en la fin les guerroia il si,

Que de sa terre les chaça et bani.

Karl Martiax, Seignor, dont je vous di,

30 - Cil qui l'avoient el grant estor servi,

Le lor servise ricement lor meri.

Basin ausi molt forment encheri,

Qui por s'amor mainte painne soffri.

Donna lui terre, et sa fame autresi: 

35 - Et de Bourgoigne, et du fié le saisi.

Tout li baron ont juré et plevi

Qu'en foi li erent ; et il eus autresi.

Dame Erembourc prist Basin à mari ;

Et elle l'aina, et il lui autresi.

40 - Mes .I. soen frère, qui onques ne I' chéri,

Hoedes ot nom ; de Lengres fu saisi.

Le duc Basin durement enbaï

Por Genevois, dont Karl l'ot saisi,

Et por sa soer que il ot autresi.

45 - En son corage durement s'aati ;

Ja son serorge ne tendra por ami.

Le duc Basin ot .I. frère Henri,

Qu'onques n'ama le due ne ne cheri.

Par ces .III. homes fu issi mal bailli

50 - Qu'en chartre fa .I. grant tens acompli.

Basin ot fame, si com avez oï :

Avesques fu bien .VII. ans et demi.

Si engendra le Borgoins Auberi.

Ains n'ot plus d'oirs, par verté le vous di.

55 - Dame Erembourc gueires puis ne vesqui ;

Trot tost morut a son fil Auberi.

Et las ! dolent si losl mar la perdi !

Huimes orrez des paines, qu'il soufri.

Quant morte fu Erembourc as crins blois

60 - Dolens en fu Basin, que ce fu drois.

Après iche ne demora c'un mois

C'on l'asailli de .II. pars ou de trois :

Hoedes de Lengres li iist mettre en defois

Toute la terre dont Auberi est hoirs.

65 - Mès Basin fu bon cevalier à drois ;

Vers son serorge tint fièrement ses drois ;

Ains n'em perdi la monltnce d'un pois

Jusqu'à .I. jor que vous dire m'orrois.

Hoedes de Lengres fu irés et destrois

70 - Du duc Basin , qui ert desus son pois

Et la contrée : molt en fu ses coers noirs.

Huimes commence ses deus et ses anois.

Quant morte fu Eremborc au coer fin,

La mellior dame qui ains heust de vin,

75 - Basin ot doel au soir et au matin.

Tant li dist Hoedes , le cuvert de put lin

Que Basin prist Hermesent du Torin ,

La pieur dame qui fust de si au Rin,

Conques n'ama le rice duc Basin,

80 - Ne Auberi le petit orfelin.

Ocis l'eust d'un coutel acerin ,

Sé n'en quidast venir à male fin.

Més tant fera , s'ele puet, par enging

Que de la terre le metra à déclin,

85 - Et sera povrez et dolent orfelin.

Or l'en gart Deu, qui de l'eve fist vin,

Que li dansiaus ne chasoit par enging !  

A tel marrastre envoit Deu maie fin !

Là où elle voit Auberi le meschin

90 - Plus volentiers l'estranglast d'un sain

Que ne menjast escoufles ne pouchin.

Por ce di-je : qui a felon voisin,

Par maintes fois a il mauvès matin.

S'or seust li enfès de son pensé la fin,

95 - II se gardast de son mauvès couvin ;

Mes n'en sot mot li enfès de franc lin.

Ce fu .I. jor de feste sains Martin

Que li frans Dus fus levés par mastin,

Va oïr messe de bon coer et de fin :

100 - Et Auberi remeist seus el palès marbrin :